Les mégots de cigarette pour créer de l’énergie ?

Mégots de cigarette

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On ne va plus vous exposer tous les effets néfastes de la cigarette sur la santé. Toutefois, avez-vous pensé à l’environnement ? Avec le nombre de fumeurs, le nombre de paquets de cigarette qui se vendent par jour, le nombre de mégots qui sont jetés dans la rue et un peu partout est assez conséquent. Si vous n’êtes pas encore décider de vous lancer dans le sevrage tabagique, vous pouvez tout de même penser au recyclage des mégots. Vous vous demandez maintenant : « Est-ce qu’on peut recycler les mégots de cigarette ? ». Oui, c’est possible si l’on croit les chercheurs sud-coréens de l’université de Séoul.

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4 300 milliards de mégots dans l’environnement par an

Utiliser des mégots de cigarette pour produire de l'énergie
Utiliser des mégots de cigarette pour produire de l’énergie

Dans le monde, on compte près de 137 000 mégots de cigarette par seconde d’après les statistiques de Planetoscope. Pour la plupart des grands fumeurs, une grande partie est jetée au sol, autrement dit dans la nature. Multiplié par le nombre de fumeurs sur la planète, on a donc 4 300 milliards de mégots, une statistique qui devrait déjà vous faire penser à fumer moins si vous êtes soucieux de l’environnement.

Sachez aussi qu’il faut plus d’une dizaine d’années pour qu’ils se dégradent complètement. Ils constituent donc un vrai fléau pour la nature. Dans la rue, c’est plus ou moins tolérable, mais avez-vous pensé si ce mégot que vous avez jeté arrive dans un cours d’eau.

Il retient des substances toxiques comme le goudron, le radium et l’ammoniac. Si un seul mégot arrive dans un cours d’eau, il a la capacité de polluer en moyenne 500 litres d’eau. D’après l’ONG Surfrider Foundation, on retrouve parmi les principaux déchets polluants l’océan les mégots de cigarette. Ces derniers peuvent intoxiquer la faune marine.

Comment est-ce possible ?

Ces chercheurs proposent de transformer les mégots de cigarettes en un matériau capable de stocker de l’énergie. Autrement dit, les milliards de tonnes de mégots de cigarettes à travers le monde pourront être récupérés. Un mégot de cigarette  se compose d’une substance qu’on appelle acétate de cellulose qui est passé par un traitement au dioxyde de titane.

C’est cette substance, plus précisément une partie des matières toxiques dans cette substance, que ces chercheurs sud-coréens proposent de transformer en matériau à base de carbone. L’acétate de cellulose transformée en acétate de carbone peut stocker de l’électricité encore plus que le graphène ou les nanotubes de carbone.

Si tous les mégots étaient transformés en ce matériau, on pourrait donc accéder à de l’énergie, mais en moins cher.

De simple déchet à matériau de stockage énergétique

Une équipe de scientifiques de l’Université Nationale de Séoul s’est penché sur le recyclage de ces mégots en matériau de haute performance adapté au stockage de l’énergie, il y a quelques années maintenant. Il a été prouvé que les filtres de cigarettes qu’on jette dans la rue avec un simple processus de transformation peuvent devenir des matériaux de stockage énergétique.

Les fibres d’acétate de cellulose, on les retrouve également dans certains rubans adhésifs et des montres de lunettes, mais les tests n’ont pas vraiment réussi. Pour cette expérience, on s’est concentré sur les mégots de cigarette. Ces chercheurs sud-coréens les ont chauffés à très haute température suivant le principe de la pyrolyse. On obtient par la suite un matériau à base de carbone qui a cette particularité de retenir une grande quantité d’énergie.

Des matériaux de stockage énergétique à haute performance

Les mégots de cigarettes recyclés pour stocker de l'énergie
Les mégots de cigarettes recyclés pour stocker de l’énergie

Pour finaliser leur recherche, ces scientifiques de l’Université Nationale de Séoul ont réalisé des tests sur électrode. Le matériau à base de carbone obtenu de la transformation affiche une bonne résistance aux cycles de charge/recharge, mais aussi une capacité de stockage énergétique. Sur cette dernière particularité, les résultats étaient très satisfaisants, car le mégot de cigarette transformé a une capacité de stockage énergétique supérieure aux matériaux de stockage énergique qu’on trouve sur le marché.

En prolongation de cette recherche, cette équipe de chercheurs essaient aujourd’hui d’intégrer cette découverte à l’amélioration de l’autonomie des batteries de téléphones portables et des stimulateurs cardiaques. Pour cette équipe, les débouchés ne s’arrêtent pas là, car elle se penche également sur la réduction du problème de l’intermittence de l’éolien et du solaire.

Avec cette recherche, qui a tout même pris beaucoup de temps, ces scientifiques offrent une solution plus pratique à ces pays qui ont mis en place des règles strictes sur le rejet dans la nature des mégots de cigarette, mais qui n’arrivent pas à les faire respecter.

Les autres solutions de recyclage

Jusqu’à ce jour, les scientifiques de l’Université Nationale de Séoul sont toujours en laboratoire et ne sont pas encore passé à l’étape pratique, autrement dit la récolte des mégots de cigarette. Avec 4 300 milliards de tonnes de mégots par an, il faudrait réagir. Vous pouvez très bien penser à réduire le nombre de cigarette que vous fumez ou à arrêter de fumer. La seconde solution est bien mieux pour la planète, ce ne sera pas facile, mais ce n’est pas non plus impossible. Si vous fumez encore, prenez l’habitude de jeter votre mégot dans la poubelle ou dans le cendrier. Là, on peut encore parler de pollution, notamment de pollution de l’air, car le mégot va finir dans l’incinérateur.

Actuellement, il y a quelques associations et entreprises qui travaillent bien loin des feux des projecteurs pour le recyclage des mégots. On peut citer par exemple Gumégo ou Terracycle, mais le service de récolte est payant. Interrogées, celles-ci exposent différentes solutions pour la seconde vie de ces mégots : décontamination et transformation en mobilier urbain et transformation de mégots pour faire des routes. Dans tous les cas, peu importe le processus de décontamination, il est difficile de garantir que ce déchet est complètement nettoyé.

Pour attirer leur clientèle, certains fabricants de cigarettes sortent la carte du « respectueux envers l’environnement » avec les filtres biodégradables. Sont-elles vraiment biodégradables ? La réponse est non.

Certes, elles se dégradent plus vite dans la nature comparées aux filtres classiques, mais comme elles retiennent quand même les matières toxiques, une fois dans l’eau, ces dernières vont se répandre.

 

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