Pour certains, le succès de la cigarette électronique est une nouvelle opportunité de business. Les grandes sociétés de production de nicotine, comme la firme suisse Siegfried, ont trouvé un moyen de percer dans le marché des e-cigarettes.
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De la nicotine allégée
Comme le confirment les professionnels de la santé et au vu des conséquences chez les fumeurs, c’est désormais indéniable : la nicotine n’est pas bonne pour la santé humaine, quelque soit la dose ingérée. Ceci étant, cette même substance ayant déjà une mauvaise réputation est également utilisée comme moyen de sevrage, en prenant différentes formes : patchs, gommes…Récemment, avec le succès des cigarettes électroniques, elle vient également entrer dans la composition des e-liquides de ces dernières. Pour les vapoteurs, l’e-cigarette est une bonne alternative au tabac et la nicotine de l’e-liquide est souvent mélangée avec d’autres produits (propylène glycol, arômes…).
En matière de nicotine, rien de meilleur que celle produite en Suisse. Seules quelques firmes la produisent à l’état pur, comme c’est le cas chez Siegfried, dont la production couvre près de la moitié du marché mondial. La société Siegfried, estimée à 600 millions au Six Swiss Exchange, a enregistré un excellent chiffre d’affaire durant les 12 derniers mois. Cette croissance ne fera que continuer et le cours des actions de la société s’est accru de 30%. En une année (2012-2013), les bénéfices ont plus que doublé.
La confiance dans la qualité
Depuis maintenant plus de 25 ans, la firme créée en 1879 a pour principale activité la commercialisation de la nicotine dans le cadre pharmaceutique. En revanche, la réponse aux besoins liés à la production d’e-liquides n’a été apportée qu’en 2011. Après avoir quelque peu hésité, Siegfried s’est décidée à se lancer sur ce nouveau marché jusqu’alors inconnu et à fournir de la nicotine aux cigarettiers les plus connus et qui ont décidé de percer à leur tour dans le marché des e-cigarettes. Les fabricants ont une préférence pour l’alcaloïde de bonne qualité et font confiance en la réputation de grands producteurs comme Siegfried, Porton Fine chelicals (Chine) ou Actavis (USA).
D’après Martin Schrieber, analyste pour la banque Cantonale de Zurich, Siegfried est une firme qui a été établie depuis assez longtemps pour que ses produits ((nicotine ou autres) réputés pour leur qualité et la fiabilité du mode de fabrication soient de plus en plus prisés.
La tendance e-cigarette est indéniablement en partie à l’origine de la croissance de Siegfried. Toutefois, sur le long terme, cette croissance pourrait ne pas évoluer davantage. En effet, on ignore à l’heure actuelle comment la commercialisation d’e-liquides serait réglementée dans un avenir proche.
La nocivité toujours présente
La nicotine reste une substance toxique, qui a des effets néfastes sur le système nerveux. Les principales interrogations reposent sur ses capacités à générer la dépendance ou au contraire, à aider réellement au sevrage. Jusqu’à présent, les amateurs de vapotage ne réussissent pas plus le sevrage que ceux qui utilisent les autres substituts à la nicotine. D’autre part, les professionnels de la santé n’ont pas assez de recul pour savoir si l’e-cigarette apporte réellement des effets positifs en matière de santé publique. C’est pourquoi l’Etat fait preuve de prudence car, si l’UE a désormais déclaré la vente libre de l’e-cigarette, les américains l’assimilent à un dérivé du tabac. En Suisse, sa vente est réglementée : on interdit la vente de liquide composé de nicotine mais la consommation reste autorisée. Au mois de mai dernier, un projet de loi en faveur de l’autorisation de commercialisation a été soumis pour consultation.
Du côté de Siegfried, le marché de l’e-cigarette ne représente que 5% de son chiffre d’affaires. Ce succès du vapotage ne va probablement pas générer une croissance fulgurante de la société. De plus, la nicotine, qui n’est pas contenue dans tous les e-liquides, n’est que de faible quantité.
A l’échelle de la production d’e-cigarette mondiale, les besoins en nicotine n’étaient que de 20 tonnes en 2013, bien qu’il soit possible de ce chiffre atteigne 30 tonnes. Parallèlement, le boom de la cigarette électronique pourrait entraîner le recul du marché des autres substituts nicotiniques.
Finalement, il s’agit en fait d’une stratégie globale. Selon Martin Schreiber, le chiffre d’affaires de Siegfried va augmenter à moyen terme.