Une fois de plus, la cigarette électronique éveille la polémique et les débats. Cette fois-ci, c’est l’association américaine des médecins qui fait pression que la FDA pour qu’il réglemente le dispositif une bonne fois pour toute. Bien sûr, en termes de réglementation, l’association de médecins a déjà des requêtes bien précises, requêtes qui tantôt suscitent l’acceptation tantôt la répulsion. Les avis divergent une fois de plus et au final, la FDA se retrouve dans une position délicate.
Sommaire
Les exigences de l’ACP
L’ACP ou American College of Physicians a fait savoir dans son rapport Annals of Internal Medecine du mois d’avril qu’il exige à ce que la FDA (Food and Drug Administration) :
- Interdise les arômes des cigarettes électroniques
- Interdise la publicité d’e-cigarettes à la télévision
- Interdise le vapotage dans les lieux publics
- Instaure des taxes pour la cigarette électronique
Des exigences claires qui ont fait réagir l’American Vaping Association et le professeur, Michael Siegel de l’université de Boston.
L’avis de l’ACP : un contre très net
L’ACP ne se contente pas d’exiger, mais a tenu à expliquer ses positions. Ainsi, selon Ryan Crowley qui est chargé de la politique de santé à l’ACP, les éléments qui prouvent que l’e-cigarette favorise le sevrage tabagique sont encore très peu. Il déclare également que les composants chimiques contenus dans ces dispositifs exposent les fumeurs et leur entourage à de grands risques. Pour Ryan Crowley, le fait que l’ACP exige l’interdiction des arômes est un fait logique puisque ce sont ces arômes qui attirent les plus jeunes au vapotage.
De ce fait, en plus d’interdire les arômes, il souhaite que la publicité télévisuelle le soit également et qu’une taxe soit instaurée pour ces produits.
D’autres associations soutiennent l’ACP
Sitôt que l’ACP a émis ces exigences, d’autres associations et personnalités sont venues le soutenir. L’ACP n’est donc plus seul à faire pression sur la FDA puisque Vince Willmore, vice-président de Campaign for Tobacco-Free Kids a aussi décidé d’apporter son soutien à l’ACP. Selon lui, il faut agir rapidement puisque l’enquête de CDC-FDA a démontré que de 2013 à 2014, le nombre de jeunes vapoteurs a quasiment triplé.
Stanton Glantz, leader de la guerre contre l’industrie du tabac et professeur de lutte contre le tabagisme à l’université de Californie se range également du côté de l’ACP. Selon lui, les exigences de l’organisme sont judicieuses puisque de nombreux enfants vapotent de nos jours. Toutefois, le professeur doute de la capacité de la FDA à pouvoir agir rapidement et ce, malgré la forte pression qu’elle subit actuellement.
Outre Vince Willmore et Stanton Glantz, l’ACP a également obtenu le soutien de l’American Heart Association, l’American Society of Clinical Oncology, le US Surgeon General et l’American Medical Association.
Des inquiétudes
Tout le monde n’est toutefois pas de l’avis de l’ACP puisqu’il y a ceux qui pensent qu’une telle réglementation sur la cigarette électronique irait en faveur de l’industrie du tabac.
Le président de l’American Vaping Association en la personne de Gregory Conley a même supposé que les recommandations de l’ACP sont une manière de pousser la communauté du vapotage entre les mains de l’industrie du tabac. Il est donc à craindre que si de telles mesures sont prises, la cigarette électronique ne serait plus perçue comme étant un outil au sevrage tabagique ce qui pousserait les ex-fumeurs à re-fumer de nouveau. Pour le président de l’American Vaping Association, l’ACP ne tient compte que des idées qui lui arrangent et écartent tout simplement les idées qui vont à l’encontre de son idéologie.
Michael Siegel, professeur de santé publique à l’université de Boston a également tenu à se faire entendre. Cet éminent professeur pense que l’ecig aide réellement les fumeurs à cesser de fumer donc, tout comme l’American Vaping Association, il s’inquiète des possibles répercussions des exigences de l’ACP. Selon lui, interdire les arômes équivaut à interdire la cigarette électronique parce que c’est justement ces arômes qui séduisent les fumeurs et qui les poussent à arrêter de fumer pour se mettre au vapotage. Faire en sorte que l’e-cigarette soit moins séduisante entraînerait ainsi des effets négatifs sur le plan sanitaire, puisqu’avec un dispositif peu attrayant, de nombreux ex-fumeurs reviendraient à leur premier amour qu’est la cigarette classique.
La FDA partagée
La FDA n’a émis aucun commentaire jusqu’ici puisqu’elle est soumise à des pressions de tous les côtés. Une pression accentuée par les résultats de l’enquête de CDC-FDA qui d’un côté affiche la prévalence des jeunes vapoteurs et de l’autre, met en exergue la baisse significative du tabagisme chez les jeunes. D’ailleurs, un débat d’interprétation fait actuellement rage et la FDA n’arrive pas à se décider.
Est-ce parce que les deux partis opposés ont chacun raison ? Affaire à suivre …
Pourquoi est-il si difficile pour l’ACP comme pour la FDA de faire le lien entre la baisse du tabagisme chez les jeunes et la progression de la cigarette électronique parmi cette même population ? En France, l’argument premier de l’encadrement de la cigarette électronique est ce supposé transfert qui existerait de la cigarette électronique vers la cigarette traditionnelle. Cette baisse et cette augmentation juxtaposée devraient nous conforter dans cette idée que la cigarette électronique est une alternative efficace au tabac. On observe d’ailleurs les mêmes « courbes croisées » dans les pays où la cigarette électronique prospère…